SNCF : en 2018, ça va péter !

Publié le par Syndicat FiRST

 

FiRST l’avait entrevu dès le lancement des « Assises de la Mobilité » en septembre (relire : tout est dit dans les non-dits). La SNCF devrait faire l’objet de profonds bouleversements dès 2018. Un projet de loi devrait être soumis dès l’année prochaine avec pour finalité de définir les grands axes de la politique des transports en commun de demain, mais aussi de recomposer le système ferroviaire français. En ligne de mire, même si elle n’est pas citée, la SNCF… et son personnel.

 

Les preuves que tout a été arrêté d’avance

 

En théorie, la nouvelle loi devrait, au moins en partie, s’inspirer des propositions remontées des différents ateliers et autres contributions reçues sur le site des Assises. Au vu de la complexité du sujet, qui touche à la foi les politiques nationales et régionales des transports, une foule d’entreprises dont la SNCF, les usagers et leurs associations, ainsi que tous les acteurs des transports, il paraît totalement hors de portée de constituer un cadre qui synthétiserait à la fois les besoins tout en formalisant les solutions… d’ici fin 2017. Lorsque l’on connait le temps que prend la simple négociation d’une convention TER… Première preuve que ces assises sont de l'esbroufe.

 

La seconde preuve, notre Ministre des Transports vient de nous l’offrir récemment. Dans le style « rien n’est décidé, mais tout sera réformé », Elisabeth Borne vient de relancer le serpent de mer du périmètre des dessertes TGV. La Cour des Comptes avait déjà rédigé deux rapports, l’un en 2004, l’autre en 2014, sur le sujet. En résumé, ou plutôt en caricature, le TGV n’est plus rentable, il faut le sauver. Et pour ce faire sacrifier l’un de ses fondamentaux : l’alliance de la grande vitesse et des dessertes capillaires, pour lesquelles certains pays ou collectivités locales avaient d’ailleurs investi. Le Ministre n'a fait que poser une question, certes, mais il a soufflé très fort une réponse qui ne peut matériellement s'inspirer des débats en cours !

 

La troisième, c’est la méthode employée par le Gouvernement pour traiter le cas de la SNCF. Au vu du rôle joué par  l’Entreprise dans les transports, difficile de l’exclure totalement des débats sur leur avenir. Mais pas question non-plus de perturber les débats des assises avec la problématique de la compagnie ferroviaire. Le Premier ministre évoque bien, dans ses discours, la dette "infrastructures" qui, tout en relevant de la responsabilité de l’Etat (ce qu’il omet de préciser) plombe les comptes. Idem pour l'ouverture totale du réseau ferré à la concurrence, qu'il effleure.  Mais plutôt que d'en faire un débat citoyen,  il préfère confier la question à un spécialiste de l’aérien. Pour mieux plumer la volaille, mieux vaut ne pas l’effaroucher !

 

La quatrième, c’est que l’homme de la situation, à savoir Jean Cyril Spinetta, doit rendre sa copie début janvier 2018. FiRST s’apitoierait presque sur la charge et les conditions de travail de ce jeune retraité de l’aérien, au vu de l’ampleur de la mission à accomplir. En trois mois, l’ancien PDG d’Air France KLM devra :

  • Proposer une stratégie de desserte pour le ferroviaire à l'horizon 2030
  • Remettre à plat du modèle son modèle économique
  • Anticiper l'ouverture totale de la concurrence.

Sauf à ce que l’individu soit doté de capacités de réflexions surhumaines ou extraterrestres, il lui est impossible de mener une mission aussi vaste, aussi sensible, et conjuguant autant d’enjeux, dans des délais aussi courts. Ce qui amène FiRST a envisager, une nouvelle fois, que tout a été arrêté d’avance.

 

La cinquième, c’est le « deal » proposé par le Président de la République à un groupe de cheminots au mois de juillet qui pourrait se résumer à « je reprends un partie de la dette de votre entreprise en contrepartie de la disparition de votre régime spécial de retraite ». Tout cela assorti de quelques questionnements sur les performances de la SNCF, l’impact du Statut des cheminots sur les comptes. Difficile de croire que des réflexions, voire des orientations, n’ont pas déjà été arrêtées par le Gouvernement sur ce sujet. Ce qui allégera d’autant la tâche de Spinetta.

 

Comme entrevu par FiRST dès le lancement des Assises, ces rencontres ne serviront que d’habillage et d’ « alibi démocratique » à des orientations arrêtées d’avance. Les petites phrases distillées ça et là par le Chef de l'Etat et les membres du Gouvernement, le discours de lancement des consultations prononcé le 19 septembre par Edouard Philippe, sont riches en enseignements.

A défaut d’une réelle mobilisation réellement UNITAIRE dès début 2018, les cheminots subiront :

  • Une profonde mutation de la SNCF, avec à la clé la privation ou l’externalisation de nombreuses missions. Jamais la menace libérale n’a été aussi forte, et l’absence d’opposition politique digne de ce nom ouvre des boulevards au Gouvernement.
  • Une remise en cause du Statut des cheminots, régime spécial de retraite compris. L’organisation du travail pourrait également être touchée.
  • Un nouveau désengagement de l’Etat vis-à-vis de la SNCF : l’Etat ne reprendrait à sa charge qu’une partie de la dette qui est la sienne, tout en prétendant que ce geste constitue une avancée sans précédent.

 

FiRST sera aux côtés des cheminots pour défendre leurs intérêts face à toutes ces menaces. A chacun de répondre présent, le moment venu aux actions qui seront proposées.

Le temps ne sera plus à la division !

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