Le rapport sur l'avenir des Infrastructures remis aujourd'hui à Elisabeth Borne

Publié le par Syndicat FiRST

 Philippe Duron aux "Assises Nationales de la Mobilité"

 

Qui se souvient du « Grenelle de l’Environnement » ? Les observateurs et autres passionnés sans doute. Cette gigantesque farce a réuni pendant plusieurs mois les forces vives des transports pour aboutir à des projets pharaoniques, infinançables et à des vœux pieux tels le report de 25 % des trafics marchandises vers des modes moins polluants. Les cheminots se souviendront, pour leur part, que quelques jours seulement après le lancement de ces rencontres, la SNCF annonçait la fermeture de quelques 200 gares fret…

 

Le rapport Duron, c’est un peu le contraire. Les orientations du Gouvernement en faveur de la remise à niveau du réseau ferré classique sont connus de longue date, encore fallait-il les arbitrer, les habiller, et leur offrir une légitimité. Pour ce faire, un Conseil d’Orientation des Infrastructures a été créé sur mesure avec à sa tête un ex-député socialiste très défavorablement connu dans le monde du rail pour avoir dépecé les Intercités, mais dont les compétences ferroviaires semblent avoir séduit le Gouvernement.

 

Mettons au crédit de cet ex-élu une approche plus pragmatique de la situation que celle dont le « Grenelle » avaient accouché. C'est du moins ce que l’on peut déduire des principales orientations révélées avant la présentation officielle du rapport au Ministre. Il s’agirait, selon l’auteur du rapport, de « rénover les nœuds ferroviaires », notamment les grandes gares, pour éviter la survenue d’incidents tels que ceux rencontrés par la SNCF en 2017. Cette rénovation « bénéficierait à l’ensemble du réseau ». Reste à voir, à la lecture du rapport, ce que cela signifie au juste. D’autant plus que certaines pannes, et non des moindres, ne sont pas attribuables à la vétusté du réseau…

 

Trois scénarios sur 20 ans ont été établis pour financer la rénovation du réseau, dont 2 pour « le fun ». Le premier consiste à améliorer l’entretien du réseau sans que le niveau d’inverstissement, à savoir 50 G€, ne permette d’enrayer son vieillissement. Le second évoque la possibilité de restaurer le réseau et de construire de nouvelles infrastructures (60 G€). Le dernier, plus cher (80 G€), permet la réalisation d’un plus grand nombre de projets de lignes nouvelles… Difficile lorsque les caisses sont vides ! L’auteur du rapport affiche donc, sans surprise, sa préférence pour le second sénario.

 

La contrepartie d’un investissement sur le réseau classique, c’est l’abandon de projet TGV. Ou le report, en politiquement correct. Seraient donc « reportés » la LGV Besançon Belfort Montbéliard, les projets de LGV  vers Rennes Quimpert ou Nantes, la LGV Montpellier Perpignan. Resterait prioritaire le prolongement de la ligne Sud-Est vers Nice et un peu moins la LGV Bordeaux Toulouse, défendue bec et ongle par les élus locaux.

 

Le rapport ne plaiderait pas en faveur du retour de la taxe poids lourds « dite Ecotaxe » pour financer les différents projets, qui ne se limitent pas au rail. Le sénario 2 prévoirait de faire appel aux revenus tirés des concessions autoroutières, de la réduction d’une niche fiscale dont bénéficient les transporteurs routiers, voire d’une vignette poids lourds et véhicule de livraison. Ces mesures permettraient de porter le budget annuel de l’Afitf à 3 milliards d’euros.

 

FiRST est bien entendu favorable à la remise à niveau du réseau ferroviaire classique, trop longtemps écarté des préoccupations des décideurs politiques et des investissements. Reste à voir en détail ce que propose le rapport, et surtout ce qu’en retiendra à terme le Gouvernement. Pour FiRST, il serait impensable que le « rapport Duron » soit incompatible avec les projets d’avenir pour la SNCF censés avoir fait l’objet d’une approche impartiale de Jean-Cyril Spinetta. L’ex-Président d’Air-France KLM exposera ses préconisations la semaine prochaine. C’est là que le puzzle s’assemblera, comme par magie, et que les cheminots découvriront à quelle sauce le Gouvernement souhaite les manger. La plus grande vigilance est de mise.

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