Millas : cheminots accusés, cheminots outragés, mais cheminots disculpés !

Publié le par Syndicat FiRST

 

La catastrophe de Millas persiste dans toutes les mémoires : 6 élèves tués, une quinzaine d'autres blessés dans cet accident survenu à un passage à niveau dans le Sud-Est de la France.

 

Se posa très tôt la question des circonstances et des responsabilités ayant mené à la catastrophe. Si les premiers témoins attestaient de la fermeture des barrières avant l'arrivée du car, d'autres sons de cloches se faisaient entendre. Prudente comme l'exigent les circonstances, la SNCF se retrancha derrière un devoir de réserve pour le moins bienvenu.


 

Ce ne fut pas le cas de tout le monde. Bien sûr, le doute était permis sur le fonctionnement effectif des installations du passage à niveau. Il appartenait aux experts d'établir la position réelles des barrières avant le drame. A ce stade, rien n'autorisait qui que ce soit, a fortiori profane, à arrêter telle ou telle responsabilité.


 

Force est cependant de constater que lorsqu'un train et est impliqué dans un accident, la SNCF et son personnel sont systématiquement pointés du doigt. Des personnes qui traversent les rails et se font happer par un train ? C'est forcément la faute de la SNCF qui n'a pas entouré ses 30 000 kilomètres de voies de grillages pour protéger les passants face à un danger qu'ils ne pouvaient imaginer. Des automobilistes qui grillent les feux rouges clignotants ou passent en chicane au passages à niveau ? Mais pourquoi la SNCF n'a-t-elle pas équipé ses installations de radars et autre détecteurs d'obstacles pour arrêter les trains et protéger les contrevenants ? Des individus qui montent sur des wagons garés sur une voie de service et se font électrocuter ? La SNCF ne les avaient pas prévenus que la caténaire est sous tension... A force de déresponsabiliser les individus, de reporter les responsabilités individuelles sur une vague responsabilité collective, on risque au final de multiplier le nombre d'accidents !


Avec le drame de Millas, l'ignominie est montée d'un cran. La « pétition de la honte » a indirectement pointé la responsabilité de l'Etat et de la SNCF dans le drame. Cette initiative a été soutenue par plus de 60 000 signataires. Rédigé dans un français pour le moins approximatif, le texte exprimait son soutien à la conductrice du car, sans apporter le moindre éclairage objectif sur les conditions entourant le drame. Le plus grave n'est pas la publication de cette pétition, mais le soutien qu'elle a engrangé.en dehors du bon sens élémentaire.


 

La première question que pose cette situation porte sur la forme. Comment peut-on signer un tel torchon ? Le seconde question porte sur le fond. Que se passe-t-il dans la tête des personnes qui créditent et soutiennent des accusions sans preuve ? Dans un affaire judiciaire, les mêmes auraient envoyé des innocents au bûcher avant que les intéressés n'en comprennent le pourquoi ! On l'aura compris. Il ne s'agissait pas là d'un quelconque soutien à « Nadine » et encore moins aux familles des victimes... Il s'agissait bien là de la récupération d'une catastrophe à des fins de règlement de compte. Un déversement de haine vis à fis d'une profession et d'une entreprise publique, catalysée autour d'un drame.


 

Citant les récentes conclusions d'un rapport d'experts, « Le Parisien » incrimine clairement la conductrice du car. Une approche qui, de fait disculpe les cheminots et la SNCF de toute responsabilité. Non, les barrières n'étaient pas levées au passage du car qui a forcé celle se trouvant sur son passage.

Les cheminots sont désormais disculpés, soulagés, mais demeureront blessés par cette vindicte populaire aussi ignoble qu'injustifiée... Jusqu'à la prochaine fois !

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