Grève SNCF : le scandale de la cagnotte

Publié le par Syndicat FiRST

 

Les médias nous l’apprennent… La cagnotte lancée par plusieurs personnalités en soutien des cheminots en grève est en cours de distribution… Par qui, comment, selon quelles règles et modalités de contrôle ? Il ne s’agit pas d’une petite somme : plus d’un million d’euros ont été récoltés pour compenser les pertes de salaires subis par les grévistes… Mais quels grévistes ? Un gréviste est-il plus méritant qu’un autre, selon le préavis sur lequel il s’est inscrit, selon l’organisation syndicale à laquelle il appartient ou non, selon les modalités de l’action qu’il mène ? A ce stade de la réflexion, l’affaire se complique déjà. Chez FiRST, les choses sont simples et claires. Une part de la cotisation des adhérents alimente un fonds de soutien destiné à dédommager les grévistes. Ceux-ci bénéficient de 27 € (quel que soit leur grade) par jour de grève entier, et dès le premier jour, sur présentation de l’attestation SNCF. Cela jusquà épuisement du fonds. D’autres syndicats disposent, ou non, de dispositifs de dédommagement plus ou moins avantageux. Soulignons aussi que FiRST n’a comme seule source de financement que les cotisations de ses adhérents, alors que pour d’autres structures, les cotisations ne représentent que 20 % des actifs. Raison de plus pour que nos adhérents puissent également bénéficier de l’aide des généreux donateurs…

 

Mais au vu des modalités de répartition de la cagnotte, définies dans la plus grande opacité, rien n’est moins sûr ! Rappelons pour commencer qu’il n’existe pas 4, mais 9 organisations syndicales à la SNCF : CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CGC, SUD-rail, SNCS et FiRST. Parmi elles figurent celles qui ont appelé à la « grève calendrier ». D’autres avaient appelé à un mouvement reconductible (dont FiRST). D’autres se sont limitées à contester la réforme sans appeler formellement à la grève… Précisons ensuite que chaque salarié est libre de s’inscrire dans l’action selon les modalités de son choix, qu’il soit d’ailleurs syndiqué ou non. Il paraît donc logique et juste que l’ensemble des organisations syndicales ayant appelé à l’action, selon quelques modalités que ce soit, participe à l’élaboration des règles de remboursement et dispose d’un droit de regard sur le versement de la cagnotte. Or, cette mission a été confiée à une association, créée pour l’occasion dans des conditions relativement obscures. Autre facteur d’opacité, voire d’injustice, seuls les représentant des quatre syndicats « représentatifs » siègent à son bureau… Et les autres ? Et la transparence que l’on doit aux 30 000 donateurs ? Et le contrôle des émoluments des grévistes syndiqués ailleurs, ou pas syndiqués du tout ?

 

Cette problématique n’a pas semblé émouvoir les initiateurs de la cagnotte… Pas plus que les règles de distribution qui ont été établies. Selon la presse, la CGT aurait indiqué dans une lettre à adressées à ses adhérents que le versement «s’adresse aux cheminots qui étaient en grève sur les préavis de deux jours sur cinq définis par l’intersyndicale», et qu’il faut «avoir réalisé au minimum quatre jours de grève pleins sur l’ensemble du mouvement ». En clair, le syndicat, ou la « bande des quatre » limiterait le versement des sommes aux agents qui ont suivi leur préavisEt pas les autres. Quid des agents qui engagés dans un mouvement reconductible, à l’appel de FO, SUD-rail et FiRST ? Rien… sauf pour les jours qui entreraient dans le calendrier… Et pour ceux qui n’ont peut-être pas eu les moyens de cesser le travail plus de 4 jours, rien non-plus ! D’autres critères, dits sociaux, viendraient durcir les conditions d’accès au pécule ? Lesquels ? Pas de précision ! Enfin, pour toucher cette somme substantielle de 20 € par jour au delà du quatrième, les agents concernés devraient livrer à l’association… pardon, aux 4 syndicats « représentatifs », un certain nombre de données personnelles dont la confidentialité n’est pas garantie. Ultime question qui reste ouverte… Les sommes versées par les généreux donateurs viendront-elles en complément ou en substitution, des dispositifs internes à certains syndicats ?

 

FiRST concède que l’élaboration d’un dispositif juste, transparent, égalitaire, de répartition des sommes relève d’un exercice complexe. Pour autant, il faut bien reconnaître qu’en l’espèce, l’organisation mise en place répond à un objectif diamétralement opposé. Les initiateurs de la cagnotte ont-ils pris conscience de cette dérive ? FiRST ose espérer que non ! Parce ce qu’en amont, 30 000 donateurs leur ont fait confiance, pensant soutenir les acteurs d’un mouvement légitime… et pas seulement certains d’entre-eux, triés sur le volet dans des conditions les plus opaques.

A eux de se manifester pour que leur investissement ne soit pas à ce point détourné !

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