SNCF : sacrées "avancées sociales" !

Publié le par Syndicat FiRST

 

« Soyez raisonnables, les cheminots, il n’y a plus de raison de pourrir la vie des usagers avec tout ce que vous avez obtenus grâce à la négociation ! »

 

Ce conseil amical nous est adressé par le Gouvernement, celui-là même qui, pour justifier sa réforme et les reculs sociaux qu’elle implique, a pratiqué contre la SNCF et son personnel un dénigrement sans précédent. D’autres voix concordantes s’ajoutent, issues des bancs de partis politiques qui rêvaient d’en faire autant, voire pire, lorsqu’ils étaient au pouvoir. Et certains médias leur emboîtent le pas, sans le moindre discernement…

Des « avancées grâces à la négociation » ? Sur quoi au juste ? L’arrivée de la concurrence est toujours à l’ordre du jour, les dates butoirs initialement évoquées ont même été avancées… Le Statut ? C’est foutu pour les nouveaux embauchés dès 2020. Plus de cent années d’évolutions sociales jetées au panier, d’un revers de main. La transformation de la SNCF en Société Anonyme ? Les parts seraient incessibles, mais les transferts de tâche au sein du groupe rendent tout possible, par décalage.

Problème

 

Problème qu’un enfant en CE 1 devrait (ou devait ?) être capable de résoudre. Un train recule de 10 mètres, puis avance de 3 mètres. Par rapport au point de départ, le train a-t-il finalement :

Réponse 1 : avancé de 13 mètres ?

Réponse 2 : reculé de 7 mètres ?

Réponse 3 : avancé de 3 mètres ?

Eh bien, pour la majorité (ou la Majorité), le train a bel et bien avancé de 3 mètres… Tout est question de repère. Ou justement de brouillage des repères. Et plus c’est gros, plus ça marche.

 

Pour le meilleur et pour le pire

 

Les cheminots ont pour la plupart été embauchés au Statut, pour le meilleur et pour le pire. Le pire, ce sont les contraintes de travail imposées par l’exploitation d’un réseau 24h/24, des salaires longtemps inférieurs à ceux proposés par le secteur public à niveau d’étude équivalent… Le meilleur, c’était les conditions offertes par le statut en termes de retraite, d'organisation du travail, de régime de retraite… Ce choix, les salariés l’ont fait en connaissance de cause à leur embauche, sans qu’il ne soit jamais question qu’il puisse être remis en cause. Avec la perspective de transfert de certains d’entre-eux  au privé, suite à pertes d’appels d’offre par la SNCF, l'engagement mutuel ne serait plus tenu.

Alors, certains affirment avoir récemment obtenu des « avancées »… Des « avancées » par rapport à quoi ? Se pose la question du repère initial, comme dans le problème de CE1. FiRST ne condamne pas l’action de ceux qui se sont investis, à tous les niveaux, pour limiter la casse. Par le passé, les militants de FiRST s’étaient eux-mêmes impliqués dans la réduction des effets néfastes de telle ou telle réforme… Mais sans jamais prétendre qu’au final, le bilan global était positif. Un recul social reste un recul social, et les choses doivent être appelées par leur nom.

 

L’esbouffre

 

Extrait d’une dépêche AFP « le Sénat a achevé l'examen de la réforme ferroviaire et confirmé notamment un dispositif favorisant le volontariat des salariés transférés ». Rappelons le repère initial : il n’avait, jusqu’à présent, jamais été question de transférer du personnel SNCF. Second repère, dans le cadre des bouleversements initiés par la réforme ferroviaire … il n’y a plus de repère, puisque le Gouvernement souhaite l’externalisation du personnel concerné sans en avoir examiné les répercussions sociales. L’Assemblée Nationale, pour sa part, ne s’est pas non plus inquiétée de cette situation. Le Sénat aborde finalement l'encadrement légal des transferts, via les amendements… Initialement, les représentants du Gouvernement avaient largement insisté sur le recours au volontariat… ce qui engageait déjà pas  à grand-chose… Cette fois, c'est pire. La teneur des amendements déposés serait même de nature à inquiéter ! Extraits :

 « III (nouveau). – Le refus du salarié mentionné au I, dont le taux moyen d’affectation au service concerné sur les douze derniers mois est supérieur à 50 %, constitue le motif de la rupture de son contrat de travail, qui est prononcée par le cessionnaire et prend effet à la date effective du changement d’attributaire….

« IV (nouveau). – Lorsque le salarié mentionné au I, dont le taux moyen d’affectation au service concerné sur les douze derniers mois est inférieur à 50 %, refuse le transfert de son contrat de travail, le cédant lui présente dans un délai d’un mois à compter de son refus une offre d’emploi disponible situé dans la même région ou, à défaut, situé sur le territoire national dans l’entreprise, relevant de la même catégorie que celui qu’il occupe ou sur un emploi équivalent, par tout moyen conférant date certaine…. Le refus du salarié constitue le motif de la rupture de son contrat de travail…,

« VI (nouveau). – Lorsque le transfert du contrat de travail entraîne pour le salarié mentionné au I le déplacement de son lieu principal d’affectation dans une autre région, celuici peut refuser le transfert…Le refus du salarié n’emporte aucune conséquence sur la poursuite de son contrat de travail par dérogation aux III et IV.

 

En résumé, le salarié qui refuse son transfert, sauf en cas de proposition de déplacement dans une autre région, est licencié.

Est-ce là l'une des « avancées obtenues dans le cadre de la négociation » ? La solution du problème de CE 1 est bien la réponse 2 : par rapport au point initial, le train a bien reculé de 7 mètres. Sauf que depuis quelques années, déjà, les élèves sont plus invités à jouer qu'incités à réfléchir. Issus d'un génération plus ancienne, les  protagonistes de la réforme ne peuvent prétendre à cette excuse  : ils trompent plus qu’ils ne se sont trompés dans les calculs. Ce qui explique et justifie l’action des cheminots.

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V
Et l'amendement sur les 5 ou 6 ans pour revenir à la SNCF sinon c'est la perte du statut
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