Comment tuer une entreprise de service public ?

C'est tellement évident, tellement vrai, tellement flagrant que les orientations, au demeurant odieuses, n'en sont que plus prévisibles.
La recette pour tuer une entreprise de service public
Pour tuer un service public, il suffit de le priver des moyens indispensables à son fonctionnement. Ajoutez-y une touche de désorganisation à l'américaine, des objectifs d' « efficience », un zeste de pseudo-productivité... Constater le désastre, en attribuer les causes aux entreprises, administrations publiques, hôpitaux,... et à leur personnel. Et enfin justifier ainsi l'appel à une gestion privée salvatrice. Il est bien connu que ces sociétés, à but essentiellement lucratifs, travaillent mieux et moins cher... jusqu'à ce qu'apparaisse parfois le coût global de la privatisation. Ce que certains se gardent bien de médiatiser !
Dernière exemple en date, l'intervention pour le moins scandaleuse d'un élu du Grand-Est, au sujet de l'avenir de la "ligne 4" : « Nous, Région, avons pris des engagements, démarré des travaux, pour remettre à niveaux des lignes à la place de l’État et la SNCF. Je m’inquiète parce qu’aujourd’hui, un certain nombre de lignes capillaires risquent d’être remises en cause dans leur existence par la SNCF. Nous nous posons beaucoup de questions sur la viabilité de certains réseaux. On ne les entretient pas, la vitesse des trains diminue, et au bout d’un moment il n’y a plus de trains. Mais derrière ces lignes, il y a des gens, des vies, du travail. Ce n’est pas une méthode, ce n’est pas acceptable ».
Et de conclure : « Aujourd’hui, je n’hésite plus à dire que nous ouvrirons ces lignes à la concurrence ».
FiRST n'a rien à redire sur le constat. Depuis qu'elle existe, la SNCF s'acharne à fermer plus de ligne sur le réseau classique qu'elle n'en ouvre. L'entretien, la maintenance des petites lignes, ça n'a jamais été son fort. Et avec les 45 milliards de dette de l'Etat que la réforme « portant ferroviaire» de 2014 a réintégré au sein du groupe, cela ne facilite pas forcément la tâche de l'entreprise publique ! Au passage, quelle entreprise privée aurait accepté de financer sur ses fonds propres, et sans garantie de rentabilité, des infrastructures désormais ouvertes à sa concurrence ? Pour les basses besognes, la SNCF présente encore des intérêts. Pour servir de punshing-ball à des politicards de mauvaise fois aussi !
L'auteur du réquisitoire contre la SNCF se nomme Jean Rotner. Il est vice-président du Conseil Régional du Grand-Est et membre de « Les Républicains ». Question : quel a été l'investissement de son parti, lorsqu'il était au pouvoir sous une autre appellation, en faveur du système ferroviaire français ? Bien peu ! Pareil pour ceux qui lui ont succédé. Facile alors de dénigrer une entreprise abandonnée à elle même ! Ou plutôt écœurant !